Les principes de la polarisation
La polarisation naît de constructions mentales : des idées et des points de vue. Les biais cognitifs — ou idées préconçues — sont essentiels pour cela. Quels sont ceux qui jouent un rôle et comment pouvez-vous les atténuer ? Quel est l’impact des médias sociaux ? Qu’est-ce qui détermine la dynamique de la polarisation ?
Il est possible d’endosser cinq rôles différents au cours d’un débat polarisé
Le philosophe néerlandais Bart Brandsma décrit cinq rôles qu’il est possible d’endosser au cours d’un débat (polarisé) : les « pushers », les « joiners », le groupe dit silencieux, les bâtisseurs de ponts et les boucs émissaires. La polarisation n’est pas négative en soi, car elle peut mener à l’innovation et au changement. Les cinq rôles ne sont donc pas intrinsèquement bons ou mauvais, mais au cours de débats complexes — pensez par exemple aux réunions de quartier portant sur des projets de végétalisation, sur la suppression de places de stationnement, sur de nouveaux plans de circulation, etc. — il est important d’être conscient de ces rôles pour comprendre la dynamique de la polarisation.
Le biais de confirmation et le raisonnement motivé troublent notre jugement
Bien que nous aimions croire que nous prenons des décisions rationnelles, ces dernières décennies, les psychologues ont décrit plusieurs mécanismes qui influencent le raisonnement humain. Deux de ces mécanismes sont le biais de confirmation et le raisonnement motivé. Ce sont des processus — généralement inconscients — qui nous poussent à nous accrocher à des croyances antérieures, à donner la priorité aux informations qui confirment ces croyances, à interpréter les informations d'une manière qui confirme ce que l'on croit déjà et à rechercher activement des informations qui confirment nos croyances antérieures. Les individus convaincus que les voitures électriques sont une étape essentielle dans la transition climatique seront, du fait de ces mécanismes, moins attentifs aux informations qui montrent que les voitures électriques ne sont pas climatiquement neutres.
Vous ne pouvez pas éliminer les biais cognitifs, mais vous pouvez les atténuer
Lorsque nous nous formons notre opinion ou prenons des décisions, nous prenons rapidement des raccourcis cérébraux et nous regardons, entre autres, ce que font les gens qui nous entourent, comment nous avons nous-mêmes abordé cela dans le passé, ce que nous ressentons à ce sujet et quelles informations confirment nos croyances. Les solutions en faveur du climat exigent de prendre en compte des faits et des analyses scientifiques. Notre biais cognitif par défaut n’est pas d’une grande aide ici, surtout pas si le débat se polarise. En quoi la forme donnée aux informations, l’effet du messager et l’invitation à l’autoréflexion peuvent-ils aider ?
Certains cadres sont un frein à des actions climatiques ambitieuses
Dans la polarisation autour du climat, on observe parfois du déni, du scepticisme ou des attaques personnelles contre le consensus scientifique. Au fil des discussions, on constate aussi des manœuvres plus subtiles visant à freiner les actions climatiques. Ces cadres ne s’opposent pas au changement climatique, mais préconisent peu ou pas d’action, ou que cette action soit entreprise par d'autres personnes. En résumé : « Pas moi, pas comme ça, pas maintenant, trop tard ».
Les réseaux sociaux renforcent la polarisation
Chambres d'écho, bulles de filtres et trolls sur Internet : les recherches démontrent comment les réseaux sociaux renforcent la polarisation et affaiblissent la cohésion sociale au moment même où les enjeux climatiques appellent à plus de coopération. La nouvelle réalité virtuelle impacte fortement l'orientation du débat sur le climat. Il n’est pas évident de naviguer ou de pouvoir agir en conséquence. Quels mécanismes psychologiques impactent la dynamique du flux d'informations ?