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Une personne se tient sur un escalier en bois entouré d'une structure moderne. La personne regarde la caméra. On peut voir de l'eau derrière la personne. Il semble s'agir d'un lac.

Conseil n°1 : adressez-vous au groupe dit silencieux

Ne donnez pas de voix aux voix les plus fortes dans le débat sur le climat. En les mettant en avant, vous alimentez la polarisation. En revanche, les indifférents, les nuancés et ceux qui sont neutres méritent une plus grande attention. C’est à eux que vous devez donner de la visibilité. En leur posant des questions qui commencent par « comment ? », ils vont pouvoir démontrer leur engagement sans avoir à prendre parti.

Par exemple, sacrifier des places de stationnement au profit de plus de verdure peut rapidement mobiliser des groupes d'action, même s’il ne s’agit pas de votre principal groupe cible. C’est pourquoi, dès le départ, vous devez veiller à organiser une enquête étendue au cours de laquelle vous rechercherez les voix moins entendues. Mettez sur la table une question qui crée de l’engagement. Par exemple : Comment pouvons-nous améliorer la qualité de vie dans notre centre-ville sans le rendre moins accessible ? Qu’est-ce que cela signifie pour les commerçants, les personnes âgées, les enfants, les fournisseurs et autres parties prenantes ?

Conseil n°2 : choisissez une forme de dialogue appropriée

Pour mobiliser et renforcer le groupe dit silencieux, misez sur le dialogue et non sur la discussion. Le dialogue est une bonne méthode pour explorer différentes positions car il repose sur l’écoute et l'interrogation. Vous n’essayez pas de convaincre, mais explorez ensemble ce que vous pouvez apprendre des opinions différentes des uns et des autres. Au fil d’un dialogue, un changement d’avis ou de point de vue peut naturellement arriver. C’est ainsi que de nouvelles visions voient le jour. 

Le dialogue socratique vous permet de demander aux participants de différer leur propre jugement, de poser des questions demandant des réponses plus détaillées et de rechercher ensemble de nouvelles perspectives. Une question qui commence par « comment ? » est susceptible de créer de l’engagement et invite les participants à formuler des réponses à partir de différentes perspectives. S’il est déjà question de polarisation toxique, le dialogue n’est plus la bonne approche.

Photo dessinée de bas en haut. La photo montre un ciel bleu-gris avec quelques nuages et deux bras et mains qui se tendent l'un vers l'autre.

Conseil n°3 : éloignez-vous du pour et du contre

Nous nous laissons souvent séduire et tromper par les médias en matière de modèle de conversation. Débats aux opinions contradictoires, réfutations acerbes et voix pour ou contre sont les principaux ingrédients de la recette standard. Pour dépolariser, cette approche « nous versus eux » n'est pas adaptée.

Une discussion « pour ou contre » alimente la polarisation : on se défend à l’aide d’arguments ou on attaque l'adversaire. Cette logique de persuasion mène à une impasse ou même à une guerre de positions, plutôt qu'à un dialogue qui crée de l’engagement et explore de multiples perspectives.

Comment mettre votre question sur le climat sur la table ? Vous souhaitez étudier les possibilités d'un réseau de chauffage dans le quartier ? Commencez avant tout par un dialogue ouvert avant de développer et de mettre sur la table des plans spécifiques.

Conseil n°4 : concentrez-vous sur des valeurs et des besoins partagés

N’entamez pas la discussion en vous concentrant directement sur les différents points de vue des participants ou sur des solutions. Essayez plutôt de voir plus loin en examinant quelles valeurs, habitudes, traditions ou quels intérêts sont partagés par les interlocuteurs.

Recherchez les points communs : nous sommes tous les deux parents ? Nous habitons dans la même communauté ? Est-ce que nous aimons les mêmes activités extérieures : la marche, le vélo, la pêche, la chasse ? Concentrez-vous sur les besoins des parties prenantes : de quoi ont-elles vraiment besoin ?

Les besoins sont souvent très similaires : la sécurité, un cadre de vie sain, de bonnes perspectives d’avenir pour soi et pour ses proches, etc. De cette façon, vous pouvez prendre comme point de départ le problème commun du groupe dit silencieux.

Zoom sur un lampadaire surmonté d'un autocollant rose fluorescent indiquant "you are important".

Conseil n°5 : évitez ce qui touche à l’identité et renforcez une bonne image de soi

La polarisation est alimentée par la juxtaposition des identités. Cycliste vs conducteur automobile, agriculteur vs défenseur de l'environnement, chasseur vs protecteur des oiseaux font office d’exemples ici. Les différences entre les identités prennent un sens encore plus profond. Lorsque nous parlons constamment en « nous » et en « eux », nous jetons de l’huile sur le feu et alimentons la polarisation.

Personne n’est motivé quand il ressent de la culpabilité ou qu’on lui donne une mauvaise image de soi. Pardonnez l’ancien comportement, donnez une explication simple pour expliquer le pourquoi de ce comportement (« nous sommes tous occupés ») et rectifiez immédiatement (« mais maintenant il y a une solution »).

Les gens réagissent de façon très sensible à la perte. Anticipez la polarisation en adoucissant cette perte. Vous pouvez ainsi planifier des actions commerciales lors de la mise en place d’un nouveau plan de circulation.

Conseil n° 6 : communiquez en créant de l’engagement

Un langage dur et moralisateur a un effet menaçant. Des solutions trop rapides ou trop d’analyses font décrocher les gens. Utilisez plutôt le storytelling pour esquisser la possibilité de créer une nouvelle réalité avec un peu d'imagination. À quoi ressemble notre quartier climatiquement neutre pour qu’il fasse toujours bon y vivre pour tout le monde ? L’imagination adoucit nos pensées.

Vous pouvez faire preuve de leadership en mettant sur la table des problèmes ou des dilemmes, et non des solutions ou des propositions. Prenez les émotions au sérieux et n’hésitez pas à aborder des sujets sensibles. En vous montrant ouvert, sans a priori et empathique (dans votre langage corporel également), vous invitez les autres à faire part de leurs envies.

Savoir se taire et écouter est également une façon efficace de communiquer en créant de l’engagement.

Conseil n°7 : sachez ce qui se passe vraiment

Vous pouvez prendre la température en adoptant une attitude qui prône l’observation et l’investigation. De quelles polarisations est-il question ? À qui profite la pensée « nous vs eux » ? Qui est encore incertain et prêt à travailler sur une problématique commune ? Où vous situez-vous vous-même ? Parfois, cette investigation peut durer des mois parce que différentes dynamiques « nous vs eux » s’entremêlent. Ne vous concentrez donc pas immédiatement sur la polarisation qui semble initialement la plus dominante.

À partir de là, vous pouvez commencer à dépolariser. Quelles questions créent de l’engagement ? Comment organiser un dialogue et qui est le mieux placé pour le mener ? Quelle langue choisir ? Quelle durée et quelle répartition des rôles sont de mise ? Quelle position allez-vous vous-même adopter ?

Photographie d'une façade. La partie gauche est constituée de piles de briques grises. La partie droite est en plâtre blanc.

Conseil n°8 : établissez une différence entre les faits et les opinions

Parfois, il arrive qu’on brandisse une opinion comme s’il s’agissait d’un fait. Il est important de rester attentif à cela et de le signaler aux participants. Vous pouvez par exemple laisser libre cours à votre curiosité et poser la question suivante : « Qui a un autre avis ? » Vous faites ainsi comprendre au groupe qu’il s’agit seulement d’une opinion. Terminez par la question suivante : « Suite à ces différentes perspectives, qui a changé d'avis ? »

Dans un débat polarisé, vous entendrez aussi souvent des attaques personnelles. Au lieu de vous adresser à l'agresseur, n'hésitez pas à demander au groupe : « Que se passe-t-il ici ? » De cette façon, vous faites passer l'attaque à un niveau de pure observation, sans aucun jugement, et vous invitez les autres à identifier les raisons du comportement agressif. Cela laisse le champ libre à une auto-correction spontanée. 

Conseil n°9 : délimitez vous-même le cadre

Quand quelqu'un parle de « religion climatique » ou de « loi climatique de gauche », cette personne utilise ce qu’on appelle le « framing ». Avec peu de mots, tous en apparence neutres, on crée une forte charge émotionnelle qui peut guider l’interprétation de l’autre. Celui qui veut polariser se fera une joie d’employer cette technique. Celui qui se lance dans le framing le premier est celui qui prend le plus d’avance.

On évoque si souvent des concepts tels que la durabilité, la transition climatique et la justice sociale que notre réponse est déjà prête, inconsciemment ou non. Clarifiez ce que ces concepts impliquent pour votre groupe cible à l’aide d’exemples et de récits inspirés par leur propre environnement. Vous pouvez ainsi utiliser des frames comme la pérennisation, la durabilité du mode de vie actuel ou la recherche d'une société plus juste.

Polarisation

Faire face à des émotions et perspectives divergentes

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